Posté le 13/12/2022

Déclaration du Président de la Fesac

Déclaration du Président de la Fesac au Président de la République lors du Conseil National de la Refondation du 12 décembre 2022

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs,

La FESAC représente le champ du spectacle vivant et enregistré, tant public que privé. Pour le dire simplement, la Fesac fédère tous les acteurs qui font l’essentiel de la culture de notre pays.

Au nom de mes mandants, je me dois de vous faire part de notre stupéfaction collective et notre inquiétude quand nous avons constaté que la culture était absente des réflexions du Conseil National de la Refondation, alors que selon nous, il ne peut y avoir de refondation sans culture.

Je ne voudrais pas entrer à nouveau dans le débat sur secteur utile ou secteur essentiel, mais je voudrais rappeler deux points :

L’État a aidé puissamment notre secteur pendant la crise sanitaire et, une fois de plus, nous vous en remercions très sincèrement. Mais quelle serait l’utilité des sommes dépensées si aujourd’hui notre secteur devait s’écrouler tant certains pans de nos activités, et non des moindres, sont très loin d’avoir retrouvé une activité normale ? Pire, la crise énergétique, l’inflation et le poids que celle-ci fait peser sur les négociations salariales, menace à très court terme notre modèle culturel. Sur ces points, le silence du Gouvernement nous place dans une situation très périlleuse et les mesures transversales annoncées ne répondent que peu aux spécificités des entreprises que notre fédération regroupe dans leur très grande diversité.

Deuxième point de notre analyse : toutes les études réalisées pendant la crise ont démontré l’importance du secteur culturel dans la résilience de la population française, à l’issue de la crise sanitaire. Les pratiques culturelles occupent une place essentielle dans la vie de nos
concitoyens ; elles sont facteur de bien-être et d’émancipation. L’absence de la culture dans les thématiques retenues pour les travaux du CNR nous paraît dès lors tout à fait incongrue et comme je l’ai dit inquiétante. Comment imaginer le futur de notre pays en omettant ce qui fait lien, ce qui rassemble, ce qui fédère au-delà de tous les clivages dont la société est souvent le théâtre ?

Notre secteur est aujourd’hui confronté à de nouvelles difficultés conséquentes à la crise sanitaire : un manque d’attractivité auprès de la jeunesse, certains métiers en tension, des collectivités territoriales qui doutent de nos missions, sans oublier le sujet majeur : la reconquête des publics, en tous cas de certains d’entre eux.

Nous sommes tous impliqués dans les réflexions liées à la transition écologique, aux mutations nées au développement du numérique qui a profondément transformé certains secteurs de la culture ; nous sommes mobilisés en faveur de la jeunesse pour lui permettre d’accéder à la diversité artistique dont nous sommes les opérateurs : nous sommes au travail pour réinventer notre futur. Alors, nous ne pouvons pas concevoir d’être sur le banc de touche de la refondation de notre pays, que vous appelez de vos vœux dans cette instance.

C’est l’avenir de notre culture qui est en jeu, et nous pensons qu’il est nécessaire que le débat public se saisisse de cette question. Nous sommes bien entendu totalement disposés à y prendre notre part.

Je vous remercie de votre attention.

Jean-Yves Mirski
Président

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